Le roi noir chancelle...



Le pays où je vis, en Afrique de l’Ouest, est dépendant à plus de 90% du pétrole pour sa consommation électrique.
C'est énorme. Lorsque le pétrole éternue, mon pays s'enrhume, et nous avec.

C'est alors que l'envie me vient, de vous raconter l'histoire de cette énergie fossile.
L’histoire d’une orgie phénoménale, qui se passe loin de nos foyers, et qui à mon humble avis dégénère... 
Ce billet est l'expression d'une angoisse.
Le pétrole ce héros du 20ème siècle…

Energie star du 20ème siècle, liquide, facilement transportable, stockable, ayant une haute densité énergétique[1] le pétrole a toutes les qualités et devient d’emblée l’acteur principal de la révolution thermo-industrielle européenne dès la fin du 19ème siècle.
Il a propulsé, dans l’euphorie, la société occidentale sur la voie de la croissance et de la consommation et s’est installé dans leurs vies. Et par conséquence, dans les nôtres.

Source d’énergie et matière première le pétrole est omniprésent et omnipotent.
Il est partout.
Regardez autour de vous.
C'est impossible de franchir une longue distance, sur terre, sur mer ou dans les airs sans pétrole. Aucun, absolument aucun des objets manufacturés que votre regard croise n’est exempt de pétrole. Electroménager, jouets, lunettes, téléphone, téléviseurs… Dans leur chaine de production, ils ont tous été à un moment ou un autre indexés à l’or noir. 

…. Source des conflits du 21eme siècle.

Seulement voilà. La course à la productivité, devenue folle et insatiable, a déraisonnablement entamé les réserves de pétrole que notre terre a mis des siècles à constituer couche par couche dans un complexe processus géologique.
Ainsi, après des décennies de bons et loyaux services, le pétrole, pilier du développement économique mondial s’est fait rare, et de plus en plus cher.

Certes, les débats font rage, on ne sait pas (ou on ne veut pas) encore dire si le stock terrestre global d’or noir a initié sa phase de décroissance[2]. Mais la menace est là d’une pénurie prévisible, inéluctable, de cette ressource précieuse, cadeau de la terre, non renouvelable à l’échelle humaine.
Le temps géologique et le temps politico-économique ont des échelles infiniment différentes.

L’heure est donc grave. Le pétrole ose se tarir quand l’homme n’en a pas fini avec lui ? Insolence. L’homme a les moyens de le traquer jusque dans les moindres interstices de la terre. On ira le chercher ou il se cache[3], quel qu’en soit le prix, quitte à massacrer la planète multimillénaire dont nous avons hérité, quitte à sortir les drones sous des prétextes fallacieux et à abattre des vies innocentes.

L’heure est grave car le pétrole est le « sang du capitalisme ». Et chacun le sait, l’Aplasie[4] est une maladie mortelle. Or le capitalisme doit vivre. A tout prix.

Les graines des prochaines guerres sont plantées.
Ca promet des lendemains joyeux.

Le pays où je vis, en Afrique de l’Ouest, a intérêt à se tourner vers d’autres sources d’énergie pour sa consommation électrique. Principe de précaution. 

C'est mon avis.



[1] En simplifiant la densité énergétique représente la quantité d'énergie par unité de volume ou de poids. Le pétrole, à volume ou poids égal contient beaucoup plus d'énergie que d'autres sources comme le charbon ou le bois. A titre d’exemple une tonne de pétrole va libérer 45JG/T soit deux fois plus d’énergie qu’une tonne de charbon (24GJ/T)
[2] Pour aller plus loin et comprendre la polémique autour du pic pétrolier voir cet article du blog Oil Man du journal le Monde   ou encore celui ci du site actu-environnement
[4] Maladie du sang, se caractérisant par le raréfaction des cellules souche à l'origine de la production de sang.

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