Climatisation naturelle, le beau pari d'une université de Naïrobi


J'ai visité récemment un des fleurons du bâtiment bioclimatique en Afrique.

Orientation adéquate du bâtiment, gestion intelligente du soleil et du vent, matériaux de construction adaptés… 
Toutes les pépites de la nature ont  été exploitées.
Avec pour résultat, un pur joyau de green building.

Cependant, parmi ces pépites brutes, une à mon sens a été particulièrement ciselée.
Il s'agit de la ventilation.
Le résultat, est littéralement bluffant. 

Vous allez comprendre. 
Suivez moi sur le campus de l'Université Catholique d'Afrique de l'Est à Nairobi. 


L'entrée de la bibliothèque 

Chaud dehors mais froid dedans...

Apres quelques tergiversations liées à la sécurité - normal en ces temps troublés - je suis autorisée à entrer dans l'enceinte de l'université.
Direction la bibliothèque et le centre de conférences du Learning Research Center (LRC)

Il faisait chaud à Nairobi en cette journée d'avril.

Et à l'instant où j'ai franchi la porte du bâtiment, j'ai compris que cette visite vaudrait son pesant d'or.
Puisqu'il y avait entre l'intérieur et l'extérieur un gap de température de 4 à 5 degrés.
Sans le moindre climatiseur en vue. 

Voir un bâtiment public recevant des milliers de personnes, abritant des conférences internationales, fonctionner sous climat tropical sans climatiseurs…
C'est rarissime. 
J'avoue que j'ai marqué une pause pour savourer l' instant.

La climatisation sans climatiseurs comment ça marche?

Pourtant en réalité, les bâtiments du LRC sont climatisés.
Naturellement, en se basant uniquement sur la ventilation.
Tout est question de conception.


La bibliothèque est conçue autour d'un espace central favorisant la circulation de l'air. 
Grâce à un système d'ouvertures étudié et adapté, et parce que les sources d'apport de chaleur sont par ailleurs maitrisées, c'est de l'air frais qui entre dans le bâtiment. 
Il sera réchauffé par la respiration des occupants et les machines électriques etc....  
Mais, cet air devenu chaud ne stagnera pas dans le bâtiment pour générer de la chaleur, comme dans les bâtiments classiques, il sera attiré vers le haut et systématiquement évacué par les ouvertures situées dans le plafond du bâtiment (c'est l'effet cheminée), un peu comme dans les termitières.



Plafond avec ouvertures pour évacuer l'air chaud
Vue de haut bibliothèque 











Et ça marche!


Quant à l'amphithéâtre, il est climatisé naturellement par de l'air extérieur introduit par un point d'entrée, puis refroidit grâce à son passage à travers un lit de rochers (situés dans le sous sol du bâtiment). 


lit de roches au contact duquel l'air se refroidit

Cet air désormais froid est ensuite distribué dans tout l'amphithéâtre au travers de différents canaux, dont certains placés sous les sièges.


on aperçoit sous le sièges les sorties d'air froid

Là aussi... ça marche.

L'air dans ces locaux va demeurer frais, car par d'autres procédés les bâtiments sont protégés des apports de chaleur du soleil.



Impact positif sur l'environnement sur le portefeuille et l'environnement


Résultat?
Pratiquement aucune dépense énergétique pour climatiser ces vastes volumes.
Donc économie d'argent pour l'université.
Et cerise sur le gâteau, pas d'émission de gaz à effet de serre associée.

Dans une ville où la température atteint facilement les 30°C en saison chaude, dans un contexte de ressources financières rares, faire le choix de la climatisation naturelle pour un bâtiment public, c'était un beau pari à prendre.

Pari réussi.

Exemple à suivre.

Pour plus d'informations sur les différentes techniques qui font du LRC un parfait bâtiment vert: http://buildesign.co.ke/the-lrc/

Commentaires

  1. Fortiche !!!
    Qui sont les concepteurs de ce bâtiment? Si vous disposez de leurs contacts, ça pourrait servir à des projets à venir en Afrique.

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